Texte écrit pour la bio du premier album de Puce Moment, dont la sortie est prévue le 25 mars sur Tsunami-Addicition (CD) et Desire (vinyle).
Kenneth Anger n'est pas forcément le nom qui vous viendra à l'esprit
à lors de la première écoute - distraite, confuse, désorientée-
du premier album de Puce Moment. C’est pourtant le seul qui vous semblera
pertinent lors des suivantes - narcotiques, infernales, obsédantes.
Car Puce Moment n’emprunte pas qu’un titre -celui de son huitième
court-métrage, réalisé en 1949- au baron noir du cinéma expérimental.
Errances fantomatiques, messes sataniques, romances mystiques, enfer
mécanique : tout chez le duo Lillois et son disque en forme d'invocation
à d'antiques autorités Sybarites renvoie aux obsessions du cinéaste
californien.
Lancé en 2006 par Nicolas Devos et Pénélope Michel, parallèlement
à leur projet Cercueil (responsable de trois albums particulièrement
remarqués), Puce Moment a jusqu'à présent surtout existé sur scène,
dilué dans le temps (une poignée de concerts à peine) et l'image
(en support de projections, performances ou pièces de danse contemporaine).
Glace, poussière et aveuglants flashes de lumière blanche : Puce Moment
avait le décor, ne lui manquait que l'âme et l'ossature. Ce sera chose
faite en 2012. Isolé dans un châlet, le duo compose et enregistre
les neuf morceaux qui composeront son premier disque, entre maraudes
spectrales ("Moonoom") et drones sorciers ("Legacy"),
ressucitant au passage de vieux fantômes ("Video Dada", unique
titre rescapé de leur passé invisible) et révélant les premières
images d'un futur drapé de chrome ("L'Ombre", composé pour
le prochain projet du chorégraphe Christian Rizzo).
Masterisé par Joe Lambert (Animal Collective, Young Magic, Dirty
Projectors), Puce Moment est à la fois la somme d'un parcours singulier, nourri par des incursions
dans la danse et le cinéma ; la confirmation de dispositions proprement
irréelles ; et le début d'une longue et inquiétante procession, dont
la prochaine étape sera la scène, pour laquelle le groupe prépare
actuellement un set à l'image de sa musique : brûlante, venimeuse,
intouchable, mais toujours humaine.
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